ANATOMY OF A GARDEN
A family collection
30/05/2025 - 06/09/2025




Le prétexte à notre nouvelle exposition est le démarrage du chantier de réaménagement du jardin Adornes. Même s’il a subi de profondes transformations au cours du temps dont nous ne savons hélas plus grand chose, le jardin a toujours été une part essentielle du Domaine Adornes. Pour s’en convaincre il suffit de regarder la carte de Marcus Gerards (1562) qui fait clairement apparaître le jardin. Par la suite également la carte de Ferraris (1777) met en évidence un verger en quinconce avec une culture horticole.
De tous temps les jardins ont été un révélateur de statut social et Anselme Adornes, dont le moins qu’on puisse dire est qu’il y était attentif, a plus que probablement conçu son jardin avec une attention particulière. Ainsi une partie était constitué d’un jardin d’agrément, l’autre d’un jardin utile. Nous savons, grâce à une source du 16e siècle qu’il y avait de nombreux arbres fruitiers, un vignoble mais aussi des haies d’épineux et de rosiers. Du 17e jusqu’au début du 19e siècle, des jardiniers louaient des terrains pour y cultiver de nombreux fruits et légumes : groseilles, abricots, pêches, coings, prunes, cerises, oignons, asperges, choux-fleurs, haricots, céleris et poireaux.
Nous ne voulons pas essayer de reproduire ce qui a disparu. Mais nous souhaitons réaliser un jardin qui soit inspiré par les valeurs qui prévalent dans le domaine : le caractère religieux, la famille, l’authenticité, la curiosité scientifique, l’intégration de la modernité mais aussi la recherche d’un lieu calme et paisible. À ce stade nous commençons de façon modeste, par le petit jardin derrière les maisons-dieu, transformé en cloître de verdure.
Dans la présente exposition, ne cherchez pas une cohérence de style ou une chronologie entre les œuvres présentées, vous n’en trouverez pas. Anatomy of a Garden est une exposition qui se visite comme un jardin composé d’une succession de paysages contrastés qui se révèlent l’un après l’autre. Comme dans un jardin chinois, chaque pas vous conduit de surprise en surprise, vers de nouveaux univers, de nouvelles perspectives, des trésors cachés. L’exposition a pour seule ambition de vous emmener dans une promenade interrogative sur l’essence-même du jardin. Qu’est-ce qu’un jardin ? Quels sont les éléments que l’on doit ou peut y retrouver ? Il en existe en effet de toutes sortes, des plus travaillés aux plus naturels, des jardins ouverts et des hortus conclusus. Il en existe de grands et de minuscules. Le point commun de tous est l’intervention de l’homme, qui façonne la nature pour créer une œuvre d’art. On y retrouve souvent de l’eau, des éléments d’architecture, des statues, des animaux, de la lumière et de l’ombre, des plantes bien sûr généralement mais pas toujours (certains jardins japonais ne contiennent que des rochers et autres minéraux de tailles diverses). Ils sont le fruit de travaux parfois titanesques et peuvent engloutir des fortunes.
Le jardin est fait par l’homme, pour l’homme qui s’y promène, lui offrant un outil d’apparat ou de divertissement, un lieu d’évasion ou de méditation et de recueillement. Symbole de spiritualité et de pureté, de paix et de connexion avec le divin, le jardin propose de rassembler et de préserver ce qu’il y a de plus beau et de plus admirable dans la nature. C’est probablement pour cette raison que le jardin est universellement associé au paradis. Le mot paradis, issu du persan pairidaeza, puis de pardez en hébreu, et finalement de paradeisos en grec fait d’abord référence à des lieux clos pour animaux et plus largement à des lieux jardinés et arborés réunissant une grande diversité de richesses naturelles végétales et animales. Les concepts de jardin et de paradis se confondent pour ainsi dire. Dans la Bible et dans la Torah, le jardin d’Éden, lieu de perfection et d’harmonie avec la nature, était un reflet du paradis où l’humanité était en relation directe avec Dieu. Dans le Coran également, le paradis est décrit comme des jardins remplis de fruits abondants et variés où coulent des rivières symbolisant l’abondance et la sérénité, des lieux de délices que tout oppose à la dureté du désert.
L’avenir du jardin Adornes présente encore pas mal d’inconnues mais notre vœu le plus cher est qu’il soit tout à la fois un havre de paix, un lieu d’émerveillement et de méditation, mais aussi un lieu de gestion intelligente de l’eau et de préservation de la biodiversité.
L’exposition présente une trentaine d’œuvres issues des collections familiales en combinaison avec des prêts de l’artiste-photographe Gilles Lorin.