TRASH & TREASURE

CINDY WRIGHT

16/10/2021 > 22/01/2021

CINDY WRIGHT

Cindy Wright est une artiste belge née en 1972 à Herentals. Lorsqu’elle était enfant le dessin était un moyen d’échapper à l’ennui. Le passe-temps s’est rapidement transformé en une véritable passion. En 1996, elle obtient une maîtrise en arts visuels à l’Académie Royale des Beaux-arts d’Anvers. En 2006 elle est lauréate du prestigieux Institut Supérieur des Beaux-Arts d’Anvers.

Elle vit et travaille à Anvers. Son travail a été exposé dans de nombreux pays européens ainsi qu’aux États-Unis.

SON ŒUVRE

Cindy Wright réalise des œuvres qui s’inscrivent dans la tendance hyperréaliste, de taille souvent monumentale, au départ de photographies. Ses sujets sont des portraits, des natures mortes, des objets mis en scène.

Elle observe constamment son environnement, le photographie et collectionne des images qui potentiellement l’inspirent: une toile d’araignée, une lumière, une mouche tombée sur un appui de fenêtre, un fruit pourrissant. Elle collectionne également des objets anodins ou plus originaux et déconcertants (des crânes humains par exemple), mais qui auront potentiellement une grande force expressive. Tous n’aboutissent pas dans une œuvre, mais constituent sa réserve de base, jusqu’au jour où une émotion ou une envie plus profonde servira d’impulsion à une composition particulière. Celle-ci permettra de traduire une idée précise en donnant une nouvelle réalité aux dits objets.

La composition est photographiée pour être ensuite traduite sur la toile. Le processus de peinture commence avec tous ses défis techniques à relever afin d’arriver au résultat désiré. La solution est un procédé tantôt rapide, tantôt fastidieux, mais qui ne doit en aucun être visible pour le spectateur. Pour Cindy Wright la peinture consiste à interpréter ce qu’elle voit, à rendre les textures et à les traduire en couches de couleurs, en gestes, en coups de pinceau au rendu abstrait lorsqu’on s’approche de la toile, mais qui disparaissent au profit d’une image plus lisse et plus photographique dès qu’on s’éloigne. On oscille ainsi entre une lecture objective et froide et une lecture expressive et émotionnelle. Ce mouvement de bascule, de zoom avant et zoom arrière est un aspect essentiel pour apprécier pleinement l’œuvre de Cindy Wright.

Fondamentalement, son œuvre aborde la matérialité physique du monde vivant, la place et le rôle de l’homme dans ce monde. Il est question de vie humaine mais aussi de vie animale et végétale et de la façon dont l’homme les hiérarchise. Ce monde vivant est observé à travers une loupe biologique : la matière organique, sa croissance, sa décomposition et donc sa mort irrémédiable sont exposées en pleine lumière. On retrouve donc des sujets tels que la chair, la viande, la peau, des animaux morts ou des fruits qui pourrissent. Elle est fascinée par ce que la nature peut générer comme merveilles mais aussi comme images dérangeantes et même repoussantes et inacceptables pour l’homme. L’évocation de la mort dérange et pourtant elle n’existe pas sans la vie.

Pour accentuer son propos, Cindy Wright utilise un double effet «zoom»: les sujets, généralement d’assez petite taille dans la réalité, sont représentés en gros plan dans un cadrage relativement serré, et par la suite encore agrandis sur des toiles monumentales.

TRASH & TREASURE

Au travers d’une dizaine d’œuvres magistrales, Cindy Wright explore le cycle de la vie et de la planète. Le monde vivant, par ses échanges de matière et d’énergie avec son environnement, produit des merveilles et génère des déchets, il se reproduit et il meurt. C’est même ce qui le caractérise. L’homme tient une place particulière dans ce cycle car il cherche depuis toujours à se protéger davantage, à améliorer ses conditions de vie, à vivre plus longtemps. En s’aidant de la nature environnante, l’homme est passé des premières cultures de céréales sauvages à l’agriculture intensive à grand renfort d’engrais, de ses pieds nus à la roue et aux avions, de la domestication du feu aux centrales nucléaires. Les résultats sont prodigieux mais la machine semble s’être emballée. Et les notions de merveille et de déchet ne sont plus claires, il y a confusion. La biodiversité s’est écroulée, la pollution contamine les sols et l’air, le climat est détraqué. Parallèlement, la population croît de façon exponentielle. L’homme a tellement perturbé les équilibres naturels qu’il pourrait devenir le « déchet » de ses propres inventions, en rendant la planète invivable.

Déjà dans ses premières œuvres on détecte la préoccupation de Cindy Wright pour les questions relatives à l’impact de l’être humain sur la planète. L’exposition Trash & Treasure souligne encore davantage ces aspects et contribue à un moment opportun à la prise de conscience qui s’amorce autour de ce sujet. Le souci majeur de l’époque actuelle n’est rien de moins que la survie de la planète et de ses habitants, mise en péril par le comportement et le progrès humain. Cependant toutes les inventions ne sont pas néfastes et Cindy Wright veut mettre en évidence l’ingéniosité de l’être humain à trouver des solutions, à se sauver. Le défi est plus grand que jamais mais elle reste optimiste.

Véronique de Limburg Stirum

Plus d’info sur www.cindywright.org

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