SIMPLY

W. VYNCK

05/02/2022 - 16/04/2022

W. VYNCK

Lorsque Willy Vynck (1944), encore jeune homme, fit son service militaire, il eut une relation difficile avec son sergent. « Attendez, » dit Vynck, « la guerre n'a pas encore commencé, j'ai encore le temps. » La lenteur est centrale. Ce thème qu'il a toujours porté avec lui, se reflète également dans sa photographie. Mais il ne faut pas confondre lenteur et paresse, car il est tout sauf fainéant. L'homme d'Assebroek traverse la vie avec calme, suit le rythme dans lequel le monde tourne, mais reste très actif. Après son service militaire, il échangea avec plaisir son arme contre un appareil photo avec lequel il recherche la beauté dans le quotidien. Ou plutôt, il trouve la beauté dans le quotidien. Car, comme le dit l'artiste lui-même : « Je ne cherche rien. »

 Dès son plus jeune âge, le photographe belge a été fasciné par les belles images qu'il voyait souvent dans l'un de ses nombreux livres. Un ami lui prête son appareil photo et Vynck devient mordu de photographie. Cependant, en éternel critique qu'il est, il lui a fallu des années avant d'être satisfait de son propre travail. Il est parti de rien et a continué d’essayer, d’expérimenter et d’observer.

Willy Vynck vit et travaille à l'extérieur du centre de Bruges, à l'une des principales entrées de la ville historique.

 

SON ŒUVRE

La réalité banale et simple. Le coin d'un banc, l'arrière d'un poteau de signalisation, le toit d'une maison, une terrasse avec de jeunes amis, une feuille qui vient de tomber d'un arbre. Des images que nous ne mémorisons pas parce qu'elles nous semblent trop banales. C'est précisément - la beauté de - la vie quotidienne qu'il veut nous faire apprécier. L'artiste est, en quelque sorte, un élément de décor discret dans le coin d'une pièce, qui attend pendant des heures, voire des jours, que l'image parfaite apparaisse devant son appareil. « Si cela me plaît, je le capture, » déclare-t-il.

Vynck opte résolument pour la photographie en noir et blanc. Il est convaincu que cela crée beaucoup plus de profondeur. La couleur est peut-être la réalité de la vie, mais on atteint plus de sérieux et on transmet de plus belles histoires en noir et blanc. Ce qui est frappant, c'est que chacun interprète ses instantanés différemment. Pour certains, son travail évoque la chaleur, l'affection et l'intimité. Vynck dépeint souvent des interactions privées et vous avez l'impression, en tant que spectateur, de vous introduire dans un endroit où vous n'êtes pas censé être. D'autres ressentent un certain abandon ou une certaine solitude. Des ombres sur des surfaces où l'on supplie presque de voir la silhouette ou l'objet lui-même, juste à gauche ou à droite de l'image. Il nous fait désirer l'invisible et plus encore.

 

SIMPLY

Dans SIMPLY, Vynck souhaite que le visiteur oublie un instant le stress d'une société complexe et se concentre sur la beauté, sa diversité et surtout sur lui-même. Les photos montrent sa vision personnelle du monde, qui est assez simple : lorsqu'il voit quelque chose de beau, il le capture. Vynck explique qu'il n'est pas difficile de repérer la beauté, mais que tout l’art consiste précisément à la capturer au moment précis où elle aparaît. Il est éclairant qu'un artiste s'efforce d'obtenir une beauté simple dans un monde aussi complexe.

SIMPLY ne fait pas seulement référence aux choses quotidiennes que Vynck capture. On peut aussi lire le titre comme suit : "SIMPLY W. VYNCK". Comme l'artiste, son art est sans prétention. "Je suis un homme simple", affirme-t-il. Un homme simple qui fait parfois des associations d'images qui peuvent surprendre. Le vélo à côté du nu féminin, par exemple. Vynck aime les contrastes et les ruptures. C'est son côté fantasque, qui ajoute une touche d'humour à son travail. C'est au visiteur de trouver les liens, d'entrer dans le monde de Vynck dans lequel le sujet que vous voyez est souvent moins important que sa beauté.

 Dans la chapelle de Jérusalem, Vynck nous fait - littéralement - penser à la mort avec son œuvre Memento Mori. Afin de préserver la beauté le plus longtemps possible, nous prenons soin de nos morts. Nous les mettons, maquillés, dans un cercueil ouvert, nous les momifions afin qu'ils se décomposent le plus gracieusement possible et nous les enterrons soigneusement avec des objets commémoratifs. Ce n'est pas un hasard si son œuvre remplace le gisant qui se trouve normalement par-dessus la tombe d'Anselm Adornes et de son épouse, Margareta van der Banck. Une feuille mourante s'accroche désespérément à quelque chose au sommet, comme s'il s'agissait du tube d'un baxter. Si Vynck a pu placer son œuvre ici, c'est pour la même raison : pour préserver la beauté du monument actuellement en cours de restauration. Le monument funéraire est en fin de compte devenu plus important que les ossements qui se trouvent dans le caveau sous-jacent.

 

Ô, combien la beauté semble-t-elle plus belle, par ce doux ornement que donne la vérité.

William Shakespeare (1564 – 1616)

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